Accompagner au mieux nos clients dans leur mission d’accueil des publics en situation de handicap, c’est notre volonté la plus forte. Et pour garantir que nos solutions répondent toujours parfaitement aux besoins et aux usages de ces publics, nous passons beaucoup de temps à aller à leur rencontre. C’est dans ce contexte que nous avons lancé en juillet 2021 une étude sur la fréquentation des musées par les personnes déficientes visuelles.
Ce questionnaire comportait 15 questions abordant les thématiques suivantes : leurs habitudes de fréquentation des musées, leur avis sur les outils mis à disposition pour leur accessibilité, les obstacles rencontrés, et bien sûr quelques données démographiques pour mieux les connaître. L'étude repose sur 53 répondants et donc en rapport avec la population notre échantillon permet de valider des hypothèses à 90% avec une marge d'erreur de 11%, ce qui est relativement satisfaisant. Nous vous présentons ici les principaux résultats de cette enquête ainsi que l’analyse qui en découle.
Parmi les personnes qui ont répondu à notre enquête, la majorité (51%) est âgée de 30 à 59 ans. 40% des répondants ont plus de 60 ans. Il apparaît donc que la proportion des moins de 29 ans est sous-représentée (9% seulement).
La majorité des répondants (70%) présente une cécité totale ou fonctionnelle. Les personnes malvoyantes qui conservent des capacités visuelles représentent 30% des répondants. A noter qu’une personne signale une perte visuelle légère accompagnée d’une surdité.
Concernant les modes de lecture utilisés lors de la visite d’un musée, l’audio fait la quasi-unanimité avec 97% des répondants. 70% déclarent utiliser le braille et 11% seulement la lecture en gros caractères. D’autres modes de lecture sont mentionnés dans les commentaires libres : l’utilisation d’aides optiques comme le monoculaire, d’aides technologiques comme la loupe de son smartphone ou l’application Seeing AI, ou encore la lecture par un tiers qui peut être un accompagnant, un membre du personnel ou un autre visiteur.
Ces chiffres doivent être analysés en lien avec le degré de déficience visuelle des répondants. En effet, le nombre de personnes déficientes visuelles pratiquant le braille est généralement plutôt estimé à environ 10%. Ici, le chiffre de 70% peut s’expliquer par la forte proportion de répondants en situation de cécité totale ou fonctionnelle. De la même manière, la faible proportion de personnes déclarant lire en gros caractères peut s’expliquer par la sous-représentation des personnes malvoyantes.
A retenir : le format audio fait l’unanimité, à l’exception d’une personne qui a déclaré être concernée par une surdité. Aucune question ne portait sur la préférence d’un format par rapport à l’autre. Nous pouvons cependant citer le commentaire d’une participante : « Même si je lis le braille, je trouve l'audio beaucoup plus universel pour la visite d'un musée. Le braille peut cependant m'être utile dans le cadre de la découverte d'une représentation tactile. »
94% des répondants ont déclaré se rendre au musée au moins une fois par an. Près de la moitié (49%) s’y rendent plus de 3 fois par an. Ces chiffres nous montrent que les personnes qui ont répondu à ce questionnaire sont des férus d’activités culturelles. Il serait fantaisiste de croire que ces résultats sont représentatifs de l’ensemble de la population concernée par un handicap visuel. Nous pouvons cependant en déduire que les participants sont des utilisateurs qualifiés pour nous faire part de leurs expériences. Leur avis a de ce fait d’autant plus de valeur.
Si vous pouviez parfaitement accéder aux musées et à leur contenu, iriez-vous plus souvent ? Les participants sont plus de 8 sur 10 (83%) à répondre oui à cette question. Et ils sont même près de 6 sur 10 à dire qu’ils iraient beaucoup plus souvent ! Ce résultat montre clairement que l’accessibilité physique et l’adaptation des contenus représentent des leviers importants pour augmenter la fréquentation des musées par les personnes déficientes visuelles.
Ceci se confirme quand on observe les critères sur lesquels ils choisissent les musées qu’ils visitent. Ils sont 70% à privilégier la distance et la facilité d’accès. Pour 68% d’entre eux, les informations d’accessibilité présentes sur le site web du musée influencent également leur choix, de même que le fait de pouvoir bénéficier d’une expérience utilisateur adaptée pour 65%. Ensuite viennent les avis d’autres personnes déficientes visuelles transmis par les réseaux sociaux ou associations à 49%. Suivent le label « Tourisme et Handicap » à 30% et enfin le registre d’accessibilité à 13%. Ce dernier semble encore méconnu malgré l’obligation réglementaire qui date de 2017. On peut faire l’hypothèse que cette méconnaissance vient du fait que ce document est encore trop rarement disponible dans les établissements recevant du public. Quand il l’est, son format n’est qu’exceptionnellement adapté à une consultation par les personnes déficientes visuelles.
Quand on évoque les outils de médiation, les plus utilisés par les participants à l’enquête sont dans l’ordre de préférence :
Ces données confirment l’intérêt du public déficient visuel pour l’information au format audio. Elles montrent également l’attrait pour un accompagnement humain, dans le cadre de visites collectives ou individuelles.
Les répondants sont près de 8 sur 10 (78%) à privilégier la visite des musées pendant leurs vacances. Ils sont 73% à se rendre au musée par curiosité, pour vivre des découvertes et de nouvelles expériences. Ensuite, le partage avec leurs proches, familles ou amis, est également une motivation forte pour 68% des répondants.
Ils sont cependant moins nombreux (40%) à se rendre au musée par besoin d’évasion, par goût pour l’ambiance et l’architecture de ces lieux. Enfin, 35% d’entre eux déclarent y aller par opportunité, au gré des visites organisées.
Nous avons vu que le partage fait partie des motivations pour plus de deux tiers des répondants. Et ceci se confirme quand on leur demande si la visite d’un musée est pour eux une activité solitaire ou collective. Un peu moins d’un quart d’entre eux (24%) considèrent que c’est une activité solitaire. Les trois quarts restants (76%) préfèrent la partager avec d’autres, amis, famille ou groupes touristiques.
Parlons maintenant des freins ou obstacles qui empêchent les personnes aveugles ou malvoyantes d’aller au musée plus souvent. Pour plus de 8 répondants sur 10 (81%), ce sont avant tout les contenus adaptés au handicap visuel qui font défaut dans les musées. Ensuite viennent à égalité (pour 62% des répondants) le manque de visites adaptées au handicap visuel et le manque d’accessibilité pour s’orienter à l’intérieur du musée : bandes de guidage, balises sonores, signalétique braille ou GPS intérieur. Une personne déplore que les visites adaptées, quand elles existent, ont lieu pendant les horaires de travail.
L’inaccessibilité des abords des musées est également un frein pour la moitié des participants (51%). Enfin, pour plus d’un tiers, le manque d’information sur le contenu et les expositions, mais aussi l’inaccessibilité en transport en commun restent des obstacles majeurs.
Les participants à l’enquête sont une grande majorité (70%) à ne jamais se considérer comme autonomes dans un musée. Vu le pourcentage de répondants ayant affirmé qu’ils considéraient la visite d’un musée comme une activité collective, on peut faire l’hypothèse que l’autonomie n’est pas une finalité dans ce contexte-là pour certains. Cependant, d’autres pointent le manque de solutions adaptées, comme le suggèrent ces commentaires :
Enfin, ils sont nombreux à insister sur l’importance de l’aide humaine et de la formation du personnel. Plusieurs d’entre eux déplorent le manque d’informations disponibles concernant les adaptations réalisées pour le handicap visuel. Même le personnel n’est souvent pas en mesure de renseigner sur les dispositifs adaptés et d’apporter une assistance dans leur utilisation, par exemple pour les audioguides.
Les résultats de cette enquête nous amènent à conclure que les personnes aveugles ou malvoyantes apprécient la visite des musées et plébiscitent les adaptations réalisées pour une meilleure accessibilité. Elles aimeraient que celles-ci soient généralisées à plus grande échelle et surtout valorisées, aussi bien sur les supports d’information que lors de la formation du personnel. Les participants nous ont cité de nombreux musées dans lesquels ils éprouvent des difficultés à s’orienter. Mais ils en ont aussi signalé d’autres, exemplaires, dont il serait dommage de ne pas s’inspirer !
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